Pour une Métropolitaine du 21e siècle

Suzanne Lareau
Le 5 février 2020

Le ministère des Transports du Québec lançait récemment le premier appel d’offres en vue des travaux majeurs de réfection sur 5 kilomètres (la partie surélevée) de l’autoroute Métropolitaine, à Montréal. Des travaux rendus nécessaires pour éviter que tout ne s’écroule!

L’annonce a suscité bien des questions. Pourquoi ne pas enfouir l’autoroute comme le Big Dig à Boston? Pourquoi ne pas faire de cette infrastructure le High Line* de Montréal? Pourquoi ne pas mettre tout au niveau du sol comme la section récemment refaite de l’autoroute Bonaventure? En fait, toutes ces interrogations sont légitimes et tournent toutes autour de la même grande question : pourquoi refaire à l’identique? Pourquoi ne pouvons-nous pas rêver et souhaiter que cette cicatrice urbaine puisse être effacée au bénéfice des populations qui vivent à proximité et de tous ceux et celles qui ont à traverser cet axe à pied ou à vélo? La question devra être débattue. Il faut voir comment on peut profiter de la réfection de cet axe routier majeur, soixante ans après sa construction, pour corriger au moins en partie les effets néfastes de cette cicatrice.

Au chapitre de la mobilité active, l’effet le plus néfaste de cette voie rapide, à part la piètre qualité de l’air, est le fait que cette autoroute urbaine, même surélevée, constitue un obstacle majeur pour les piétons et les cyclistes qui doivent en franchir quotidiennement les voies de desserte (boulevard Crémazie). Le décès du cycliste Clément Bazin, en 2018, en est la triste illustration. Si on exclut l’axe nord-sud (Christophe-Colomb) et un sentier en tunnel dans le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, cette autoroute ne dispose d’aucun franchissement protégé digne de ce nom dans sa partie surélevée, comme devraient l’être de vraies traversées pour piétons et cyclistes.

Comme les citoyens et organismes des quartiers limitrophes (Ahuntcycle, l’Association des piétons et cyclistes de Villeray–Saint-Michel-Parc-Extension, notamment) le demandent depuis un certain temps, un travail devrait être entrepris à court terme, conjointement par le ministère des Transports et la Ville de Montréal. Profitons de cette réfection pour créer minimalement plusieurs passages sous l’autoroute Métropolitaine, dotés des meilleurs aménagements physiques et technologies de signalisation et d’éclairage, pour assurer un transit réellement protégé des cyclistes et des piétons. Voilà pour le court terme. À plus long terme, dans une perspective de Vison zéro et de mobilité durable, autorisons-nous à rêver et participons nombreux au processus d’idéation de ce que pourrait devenir ultimement ce corridor urbain mal traité, triste rappel de notre façon d’aménager dans les années 1950 et 1960.

*À New York, le High Line est un parc linéaire urbain suspendu de l’arrondissement de Manhattan, aménagé sur une portion (2,3 km) des anciennes voies ferrées aériennes du Lower West Side.

Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale

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Ça bouge également du côté de Québec. La Ville tenait le 27 janvier une consultation sur la stratégie de sécurité routière, qui permettra notamment de revoir le partage de la voie publique entre les différents usagers. Vous pouvez lire ici les recommandations alors présentées par Vélo Québec.

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