L’été 2020 sera vélo! (1re partie)

Suzanne Lareau
Le 21 avril 2020
Point de vue de Suzanne Lareau

À la lecture de plusieurs médias européens ces jours-ci, le vélo apparaît de plus en plus comme un outil de déconfinement. Aux grands maux, les grands moyens! Alors que le vélo est souvent passé sous le radar comme solution concrète aux déplacements de personnes, la pandémie actuelle lui confère des vertus qu’on lui connaissait déjà, et ce, depuis toujours.

C’est un fait : les crises ont le pouvoir d’accélérer les changements et les habitudes. Si le vélo a été adopté massivement par les Parisiens à l’automne  1995, c’est que la grève des transports publics les a forcés à trouver une autre façon de se déplacer. Résultat : Paris est devenu vélo et ne cesse de multiplier les initiatives pour donner plus de place aux cyclistes. Il y a trois décennies, alors que la ville était pratiquement en faillite, Berlin a adopté un ambitieux plan vélo qui s’est avéré moins coûteux que le transport collectif et finalement, très efficace. Idem pour Copenhague et Amsterdam qui, pour diverses raisons, ont adopté le vélo pour répondre à des problématiques criantes de transport à coût raisonnable.

Au cours des prochains mois, les utilisateurs du transport en commun hésiteront à partager un espace clos avec des inconnus de crainte d’être contaminés. Or, vers quel moyen de transport se tourneront les gens qui vivent en ville? La voiture? Si tel est le cas, imaginez la congestion appréhendée dans le centre des villes. On ne veut certainement pas retourner 50 ans en arrière, à l’époque du tout à l’auto, surtout dans le contexte de la présente crise climatique.

Après ce moment de pause, comment participer à la relance et imaginer demain? Il faut recommencer à travailler, à se déplacer et nous devons profiter de l’impulsion de cette crise pour adopter le vélo pour nous déplacer en ville. En plus d’être efficace, le vélo permet la distanciation physique exigée actuellement et utilise peu de ressources, ce qui est fort utile en temps de crise et de post-crise. Force est de constater que nos rues n’ont jamais été si désertées de véhicules, ce qui nous amène à nous interroger pourquoi ces vastes espaces sont uniquement réservés aux autos et aux camions alors qu’on s’entasse sur les trottoirs? Avez-vous remarqué le nombre d’enfants à vélo dans la rue? Il s’agit là d’un signe d’espoir et d’un élément positif à tirer de la situation actuelle.

Les villes qui sauront être agiles et rapides pourraient profiter de cette crise pour proposer un autre modèle d’aménagement urbain offrant plus de place aux cyclistes et aux piétons. Trottoirs élargis, vélorues, rues piétonnes, voies de stationnement éliminées au profit de la circulation cycliste ou piétonne, bref, autant d’aménagements qui s’inscrivent dans une démarche d’urbanisme tactique. Vivons-le pour les prochains mois et après, on verra bien qui souhaitera retourner à la ville d’avant.

Vous me trouvez utopiste? Quand je pense aux Danois qui ont mis en place un plan vélo dans les années 80, dans un pays où il y a 3 heures de lumière en plein hiver, ils ont sûrement fait rire d’eux. Mais aujourd’hui, voyez le résultat : près de la moitié des déplacements à Copenhague se font à vélo et il n’y a personne pour s’en plaindre.

À défaut de ne pouvoir rouler dans la rue au Tour de l’Île cette année ou de tout autre événement cycliste à travers le Québec, souhaitons que les villes, grandes et petites, fassent plus de place aux cyclistes et aux piétons et participent, à leur façon, à la création de la ville de demain.

Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale

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