Porté par un engouement indéniable, le Tour de l’Île a pavé la voie à d’autres rendez-vous cyclistes à succès. Si bien que, désormais, Montréal vibre chaque année au rythme du vélo pendant une semaine complète.
1992 marque un point tournant pour le tout jeune Tour de l’Île. Cette année-là, non seulement le méga-événement affiche complet avec 45 000 participants – une première –, mais il engendre un petit frère : le Tour des Enfants ! Cette expérience vélo destinée aux 6 à 12 ans, qui se déroule une semaine avant son pendant pour adultes, répond alors à une volonté de Vélo Québec d’initier d’autres publics au plaisir de pédaler Montréal sans autos.
« Nous avons mis jusqu’à 10 000 jeunes dans les rues sans leurs parents », se souvient Joëlle Sévigny, qui a longtemps été directrice générale du secteur Événements et voyages chez Vélo Québec. Le Tour des Enfants se poursuivra pendant 12 ans, jusqu’à ce que le Tour de l’Île ait pris un virage familial, avec des parcours plus courts et accessibles. « Ça correspond à un changement des mœurs. Papa et maman voulaient maintenant rouler avec leur enfant. »
Défilé étincelant
Dans cet intervalle, d’autres événements voient le jour dans la traînée du Tour de l’Île. Plus que de simples productions dérivées, chacun est doté de son identité propre. C’est par exemple le cas du Tour la Nuit, une randonnée nocturne sur deux roues sans pareil ailleurs dans le monde. Sans surprise, une proportion significative – environ un tiers – des 17 000 participants à cette soirée mémorable dans les rues de Montréal est âgée de moins de 18 ans.
Le Tour la Nuit trouve tout de suite son public : plus de 2000 participants répondent présents dès la première édition. Rapidement, l’événement se mue en une parade mémorable mettant en vedette des cyclistes costumés au guidon de vélos scintillants. « On ne s’attendait pas à connaître un tel succès, admet Joëlle Sévigny avec le recul. Long d’environ 25 km, le Tour la Nuit a cimenté la démocratisation du vélo en ville. » En plus, il contribue à faire évoluer les mentalités relativement à la sécurité nocturne à vélo.
Un rendez-vous annuel
Tous ces rendez-vous – et d’autres, comme le Défi métropolitain – s’enchaînent les uns à la suite des autres depuis 1999 pour former une semaine consacrée à la culture vélo. Le Festival Go vélo Montréal – qui a porté le nom de Féria du vélo jusqu’en 2014 – lance de fait la saison des festivités estivales à Montréal vers la fin mai, début juin. D’un point de vue institutionnel, on lui accorde la même importance que des événements comme les Francos de Montréal et le Festival d’été de Québec.
« À titre d’événement phare du Festival Go vélo Montréal, le Tour de l’Île constitue une occasion de réfléchir à la mobilité urbaine à vélo. Surtout, il est synonyme de plaisir
depuis 40 ans », se réjouit Joëlle Sévigny. La principale intéressée en sait quelque chose ; en 2024, elle a pris part à son premier Tour de l’Île à titre de cycliste plutôt que d’organisatrice. « L’état d’esprit, c’est de prendre possession de la ville, pas de faire des tours sur un circuit ! »