Dans le cadre de la campagne municipale 2025, Vélo Québec présente son programme municipal pour le développement du vélo : six engagements concrets pour faire du vélo un choix accessible à toutes et tous, que ce soit pour se déplacer ou pour le plaisir.
Pour la mobilité, la santé, l’environnement et l’économie, le vélo est une solution gagnante pour nos villes.
Découvrez le programme et invitez vos candidat·es à s’engager dès maintenant pour une municipalité plus cyclable !
1. Un réseau cyclable sécuritaire pour accéder à toutes les destinations du quotidien
2. Des quartiers apaisés par la conception-même des rues
3. Une réelle intégration entre le vélo et le transport collectif
4. Des stationnements vélo accessibles et sécurisés, tant à destination que dans les milieux résidentiels
5. L’éducation au vélo dès le plus jeune âge
6. Des incitatifs financiers pour faciliter l’adoption du vélo
En allant au-delà des mythes et des stéréotypes, découvrez pourquoi le vélo est une solution crédible et porteuse pour l’ensemble des municipalités du Québec.
1. Un réseau cyclable sécuritaire pour accéder à toutes les destinations du quotidien
Développer et entretenir un maillage de voies cyclables connectées, protégées et praticables toute l’année, qui assurent une desserte continue et sécuritaire entre les principaux pôles de vie — résidentiels, économiques, commerciaux, institutionnels et de santé — afin de rendre le vélo réaliste pour tous les déplacements du quotidien.
- La congestion routière ne cesse d’augmenter dans nos milieux de vie. En plus de leur coût financier élevé pour la population (plus de 6 milliards de dollars par an pour le seul Grand Montréal), et de la perte de temps qu’ils occasionnent (58 heures par personne en moyenne par an), les embouteillages causent du stress, augmentent la consommation d’essence et l’émission de gaz à effet de serre.
- Pourtant, une large part de déplacements actuellement faits en auto-solo pourraient être transférés vers le vélo sous toutes ses formes. Ainsi, 18 % à 25 % des déplacements peuvent se faire à vélo dans les grandes villes québécoises. Dans le Grand Montréal, entre 17,5 % et 24,7 % des déplacements en automobile peuvent être transférés vers le VAE, et ce chiffre monte à 46,5% avec un vélo cargo électrique, qui permet de transporter des personnes et des marchandises.
- Fournir un réseau cyclable sécuritaire reste aussi la façon la plus efficace d’améliorer la sécurité des cyclistes : entre 2000 et 2020, le nombre de cyclistes blessés gravement a chuté de 62%, malgré une hausse de 29% des cyclistes et de 51% du parc automobile. Cette amélioration du bilan routier est à mettre en lien direct avec l’augmentation du réseau cyclable, qui a crû de 111% pendant la même période.
2. Des quartiers apaisés par la conception-même des rues
Apaiser la circulation dans les quartiers résidentiels, autour des écoles, mais aussi sur les rues commerciales, les artères et les routes numérotées, de compétence provinciale.
- Lors d’une collision avec une voiture roulant à 50 km/h, les probabilités de survie d’un piéton sont de 25 %. Cette probabilité augmente à 70% à 40km/h et à 90% à 30km/h. Or, en matière de vitesse de circulation, c’est la rue qui dicte la vitesse, pas le panneau. Sécuriser les déplacements actifs passe donc par des aménagements physiques qui découragent la circulation de transit dans les quartiers résidentiels, incitent à ralentir et favorisent la bonne visibilité entre usagers de la route.
- L’ajout de voies cyclables peut également participer à l’apaisement : la présence même d’infrastructures cyclables, particulièrement celles où les cyclistes sont séparés de la circulation motorisée, a pour effet de ralentir cette dernière, augmentant ainsi la sécurité de tous les usagers.
- Les efforts d’apaisement ne doivent pas se limiter aux rues locales : la circulation sur une artère, la présence de nombreuses voies de circulation (surtout aux intersections) ou la présence de stationnements (avec un haut taux de roulement) sont les trois facteurs principaux participant à l’augmentation de l’insécurité à vélo. L’installation d’infrastructures cyclables sécurisées et séparées de la circulation motorisée sur ce type de routes est donc primordiale pour sécuriser les déplacements actifs.
3. Une réelle intégration entre le vélo et le transport collectif
Prévoir des stationnements sécurisés et des solutions de vélopartage aux gares et principaux pôles intermodaux; autoriser les vélos dans les bus, métros et trains selon des modalités claires.
- Le vélo peut être remarquablement efficace sur des distances de 5 à 7 km, particulièrement en milieu urbain dense, sujet à la congestion. Avec l’arrivée du vélo à assistance électrique (VAE), ces distances peuvent même monter à 10 ou 11 km en moyenne. Mais pour de plus longues distances, c’est en combinaison avec le transport en commun que le vélo révèle tout son potentiel, constituant un des moyens les plus efficaces pour parcourir les premiers et derniers kilomètres d’une chaîne de déplacement. Encore faut-il pour cela créer les conditions propices à cette intermodalité entre modes actifs et collectifs.
- Cela passe par plusieurs mesures : autoriser les vélos dans les bus, métros et trains selon des modalités claires, mais aussi développer des pôles d’échanges qui desservent l’ensemble du territoire et proposent en toute saison des aménagements de qualité pour les piétons et les cyclistes. Leur conception doit inclure des installations à destination comme des stationnements pour vélos sécurisés en quantité suffisante, des solutions de vélo en libre-service facilement accessible et de lier les lieux d’échange intermodaux (stations, gares, arrêts de bus, etc.) aux réseaux piétonnier et cyclable locaux, entretenus adéquatement en toute saison.
4. Des stationnements vélo accessibles et sécurisés, tant à destination que dans les milieux résidentiels
Installer des supports et abris couverts dans les pôles de transport, près des commerces, dans les établissements publics et au cœur des quartiers, pour favoriser l’adoption du vélo, et notamment du vélo-cargo en prévenant le vol.
- Le vol de vélo constitue un frein majeur à la pratique du vélo : après un vol, près de 45% des cyclistes arrêtent de faire du vélo ou en font moins. La crainte du vol dissuade également plusieurs personnes d’acquérir un vélo de plus grande valeur, qui répondrait mieux à leurs besoins. Ça peut être particulièrement vrai pour les vélos à assistance électrique (VAE), qui permettent de parcourir de plus longues distances ou des trajets comprenant des dénivelés importants, ou les vélos cargos (dont ceux à assistance électrique) qui permettent aux familles de transporter leurs enfants.
- De plus en plus de lieux d’étude ou de travail offrent des stationnements vélo sécurisés à leur clientèle, assurant la sécurité de leurs vélos pendant le jour. Mais c’est à l’autre bout de la chaîne de déplacements que le bât blesse : à moins d’avoir accès à un garage ou un cabanon, beaucoup de citoyen·nes n’ont aucune option sécuritaire pour faire dormir leur vélo. Il est donc essentiel de multiplier les installations de casiers à vélo sécurisés dans les milieux résidentiels à l’instar de ceux mis à l’essai par l’agence de mobilité durable de Montréal.
5. L’éducation au vélo dès le plus jeune âge
Faciliter l’apprentissage du vélo en milieu scolaire : soutenir les activités d’éducation à la sécurité routière, créer des lieux de pratique (parcs d’éducation cyclistes) et encourager les initiatives de vélo-bus pour les déplacements des enfants.
- Déjà importants chez les adultes, les taux d’inactivité des enfants québécois atteignent des proportions inquiétantes et ces taux croissent d’année en année. D’ailleurs, depuis les années 80, une baisse importante de la santé cardiorespiratoire des jeunes québécois est observée, soulevant des enjeux majeurs de santé publique.
- Or, une exposition aux déplacements à vélo tôt dans la vie permet d’établir des habitudes actives sur le long terme, donnant aux jeunes les clés de leur premier outil de mobilité indépendante. Malheureusement, cet apprentissage ne se fait pas toujours en famille, de sorte que c’est en milieu scolaire que peut se faire, de façon universelle, cet enseignement. C’est la voie choisie par les pays les plus avancés en matière de vélo, comme le Danemark, les Pays-Bas, mais aussi la Belgique et, plus récemment, la France avec son dispositif Savoir rouler à vélo.
- Au Québec, ce sont 37 800 enfants qui ont pris part au programme Cycliste averti dans les 10 dernières années. Soutenu au niveau provincial par le MELCCFP, la SAAQ et le ministère de l’Éducation, le programme nécessite cependant l’appui des municipalités et MRC afin d’atteindre son plein potentiel.
- D’autres initiatives peuvent encourager une initiation précoce au vélo, notamment les parcs d’éducation cycliste temporaires ou permanents, des lieux d’apprentissage privilégiés pour les 2 à 12 ans.
6. Des incitatifs financiers pour faciliter l’adoption du vélo
Offrir des subventions pour l’achat de vélos, vélos à assistance électrique ou vélos cargos, ainsi que pour l’installation de stationnements sécurisés et de douches dans les milieux de travail.
- Offrir une aide financière à l’achat d’un vélo, qu’il soit à assistance électrique, cargo ou régulier est un levier pour soulager la dépendance à l’automobile. Le cas de la ville de Denver au Colorado est d’ailleurs clair à cet effet: les données collectée à la suite de la première années du programme ont démontré que les personnes ayant bénéficié du programme parcouraient en moyenne 42 km par semaine, pour une estimation de 3,4 déplacements motorisés et une réduction de GES annuelle globale de près de 2 000 tonnes, correspondant à environ 435 autos.
- Créer des incitatifs financiers bien conçus, aux modalités simples, c’est aussi investir dans une aide à la mobilité efficace, équitable et durable, particulièrement pertinente pour les populations dont les déplacements quotidiens sont contraints par la distance, des enjeux capacitaires ou l’absence d’alternatives. Ces programmes, déjà déployés à grande échelle ailleurs en Amérique du Nord et en Europe, ont démontré leur efficacité lorsqu’ils sont suffisamment généreux pour influencer les comportements et inclure les ménages à plus faible revenu. En misant sur des partenariats locaux pour la mise en œuvre, sur des catégories adaptées (vélos cargos, vélos adaptés) et sur des règles claires pour éviter la revente prématurée, les municipalités peuvent s’assurer que ces incitatifs favorisent un véritable changement modal et une mobilité plus juste et résiliente.