Le vélo dans le budget du Québec

Suzanne Lareau
Le 3 mars 2020

Dans moins de deux semaines, le ministre des Finances du Québec livrera son discours du budget. Comment le message environnemental des Québécois.es sera-t-il entendu? Comment ce budget permettra-t-il de transformer des intentions en gestes concrets? Nous ne sommes pas les seuls à nous poser ces questions, bien sûr.

Comme nous le faisons depuis quelques années, nous avons profité des consultations en amont de ce budget pour rappeler au gouvernement l’importance d’arrimer l’ensemble des politiques gouvernementales pour donner plus d’impact aux mesures qui favoriseront la mobilité active. Nous avons aussi fait valoir l’importance de hausser substantiellement les investissements pour favoriser la mobilité active. En 2020, les cinq plus importantes villes du Québec investiront près de 30 M$ dans les infrastructures cyclables, alors que le gouvernement du Québec y consacrera autour de 20 M$.

Dans une allocution prononcée l’automne dernier lors du congrès de l’Association des réseaux cyclables du Québec (ARCQ), le ministre des Transports, François Bonnardel, souhaitait que le Québec devienne la « Copenhague du Canada », une image bien sûr. Mais pour que ce souhait devienne réalité, il faut d’abord débloquer les sommes promises depuis 2018 et qui ne se sont pas encore accessibles aux municipalités. Ensuite, il faut certainement hausser les investissements. Sur la base des États et pays qui ont pris le virage vélo, et compte tenu du prix des infrastructures qui permettent de franchir certaines barrières urbaines (autoroutes, voies ferrées, cours d’eau, etc.), nous répétons depuis trois ans que le gouvernement doit viser des investissements de l’ordre de 100 M$ par année, au moins pendant quelques années, pour changer de façon marquée le visage des villes du Québec en faveur de la mobilité active.

Enfin, pour exploiter le plein potentiel du vélo dans sa forme actuelle et dans sa version électrique, il faut revoir les paramètres des programmes incitatifs existants, voire en introduire de nouveaux. Pensons à l’aide financière de 500 $ du programme Roulez vert (actuellement pour les scooters électriques), qui devrait être étendue aux vélos et vélos à assistance électrique. Pensons aussi au programme Transportez vert qui devrait comporter un volet vélo-cargo et vélo-cargo à assistance électrique pour favoriser le transport de petits colis dans nos centres-villes.

Dans la foulée de la Politique de mobilité durable, nous proposons aussi la mise en place d’un programme d’indemnité kilométrique non imposable dans les déplacements à vélo reliés au travail. Dans les pays d’Europe où un programme d’indemnité kilométrique vélo existe, notamment en Belgique (1997) et en France (2016), il s’agit d’une mesure à faible coût qui permet concrètement d’encourager la mobilité active. D’autres formes de déductions fiscales existent également aux Pays-Bas et en Autriche. Nous souhaitons favoriser le vélo? Il faut donc regarder comment les meilleurs procèdent!

Dans le contexte de la Déclaration d’urgence climatique proclamée récemment, le gouvernement du Québec doit saisir l’occasion que constitue le prochain budget et passer à l’action afin de favoriser des mesures concrètes et logiques pour amener notre société vers des changements et de nouvelles façons de faire.

Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale

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