Le Tour de l’Île de Montréal est vite devenu la plus grande sortie à vélo de l’année au Québec. Un succès qui s’est formalisé dès la mise en place de l’événement, il y a 40 ans.
13 octobre 1985. Le premier Tour de l’Île a lieu par une journée automnale froide et venteuse, sous une pluie torrentielle. Seule la moitié des inscrits prennent le départ pour braver les intempéries. Vélo Québec, qui fait ses premières armes dans l’organisation de ce genre de méga-événement, retient la leçon : pour que ce rendez-vous annuel devienne un incontournable, il faudra mieux le positionner dans le calendrier. Et pourquoi pas lors de la Journée internationale de la bicyclette, au début juin ?
Les huit mois qui suivent s’avèrent néanmoins difficiles. À Québec, le nouveau gouvernement refuse d’appuyer financièrement Vélo Québec, qui peine par ailleurs à convaincre des commanditaires. Malgré tout, la deuxième fois est la bonne. Les 15 000 participants attendus sont présents – même s’il pleut encore des cordes ce matin-là ! « C’est vraiment en 1986 que la Tour de l’Île a pris son envol », témoigne Suzanne Lareau, qui travaillait alors chez Vélo Québec. Elle en sera plus tard PDG.
« Un happening »
26 000 participants en 1987, 32 000 en 1988, 38 000 en 1989… Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’engouement pour le Tour de l’Île est aussi soudain que formidable. Si bien qu’au début des années 1990, une limite maximale de 45 000 participants est fixée, un seuil qui sera atteint de 1992 à 1997. « Il le fallait pour que le Tour de l’Île demeure plaisant et sécuritaire pour tous, raconte Suzanne Lareau. Imaginez : on retournait des milliers d’inscriptions par la poste faute de place ! »
C’est à cette époque que se met en place la grammaire de l’événement. Les participants pédalent une boucle longue de 60 à 70 km qui les amènent chaque année dans des coins différents de l’île de Montréal. « Nous alternions entre l’est et l’ouest de la ville. Au fil des ans, nous avons même traversé à Laval et à Longueuil et emprunté les ponts », se souvient-elle. Parcs La Fontaine, Jeanne-Mance, Jarry… Les sites de départ et d’arrivée changent aussi au fil du temps.
Quelques faux pas sont aussi commis, inévitablement. « Nous avons vite appris ce qu’est la mécanique des fluides lorsque, peu après le départ, nous faisions bifurquer nos milliers de participants d’une route à huit voies à une autre à quatre voies, puis à deux voies, illustre Suzanne Lareau. Vous dire le bouchon de circulation monstre ! » Les participants l’ignorent, mais des milliers d’heures de travail étalées sur près de 10 mois sont nécessaires pour organiser le Tour de l’Île.
Même la possibilité, à partir de 1992, pour les commerçants d’ouvrir le dimanche, jour de l’événement, a constitué un défi. Dès lors, Vélo Québec doit composer avec une plus grande circulation automobile dans les rues de Montréal, ce qui complexifie les opérations. Malgré tout, la bonne humeur demeure. « Dès les débuts, le Tour de l’Île
témoigne de l’engouement des Québécois pour le vélo et pour la ville sans voiture, pense Suzanne Lareau. Encore aujourd’hui, c’est un happening exceptionnel qui donne le goût d’enfourcher son vélo. »