Le vélo n’a pas besoin d’étiquette

Le 28 août 2025

Cet été, j’ai eu la chance de passer des vacances sur la Côte-Nord. J’ai notamment croisé nos collègues de la Véloroute des baleines, qui font un travail formidable pour développer la culture vélo dans cette région magnifique. Leur dynamisme m’a rappelé à quel point le vélo, lorsqu’il est soutenu par une communauté passionnée, peut transformer un territoire et inspirer ses habitants.

J’ai été séduit par la municipalité d’Havre-Saint-Pierre. Une ville où l’on sent la fierté de ses habitants : des fleurs dans les parcs, des maisons soignées, une grande présence de trottoirs qui invite à la marche. J’ai particulièrement aimé les peintures colorées sur les trottoirs, qui rendent la promenade encore plus joyeuse. On trouve aussi plusieurs pistes cyclables bien entretenues. Même l’école primaire affiche ses couleurs avec soixante places de stationnement vélo… et des supports partout, y compris devant la SAQ. Un magnifique exemple que le transport actif est aussi une affaire possible en région.

Un matin, je croise le conjoint de l’aubergiste où je logeais. La soixantaine avancée, pas particulièrement sportif, il s’apprête à partir à vélo. Je lui demande : « Pour le transport ou pour le loisir ? » Il me répond, presque surpris : « Je vais au quai. » Je le relance : « Vous en faites souvent ? » Son air se trouble, il cherche ses mots : « Ouais. » Je mets fin à son supplice en lui disant que je travaille chez Vélo Québec et que ça me réjouit de voir des gens à vélo. Son visage s’illumine aussitôt, soulagé d’apprendre qu’il n’avait rien fait de mal.

À ce moment-là, j’ai compris : pour lui, le vélo n’est pas une identité. Ce n’est ni un style de vie ni une posture. C’est simplement un outil, comme une chaise ou un marteau. En poursuivant ma réflexion, je réalise que ce sont souvent les opposants au développement du vélo qui veulent absolument coller des étiquettes : les « vrais » et les « faux » cyclistes, les pistes « dangereuses » ou « inutiles ». Toujours une façon de réduire une réalité multiple à une caricature.

À l’heure où la campagne municipale s’amorce, vouloir coller une seule étiquette aux cyclistes ne mène nulle part. Les cyclistes sont multiples : certains votent à gauche, d’autres à droite. Certains roulent pour se déplacer, d’autres pour se dépasser. Réduire cette diversité à un bloc homogène est non seulement une erreur politique, mais une impasse collective. Le vélo n’appartient pas à un camp. Il appartient à tout le monde.

– Jean-François Rheault, PDG de Vélo Québec

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