L’intégration du transport actif doit devenir un réflexe dans le développement de projets de transport en commun!

Jean-François Rheault
Le 8 mars 2022

Lors d’un voyage aux Pays-Bas, je me suis demandé ce qui a poussé la société nationale de trains à mettre des vélos à la disposition des voyageurs dans les gares du pays. Après tout, qui ne possède pas un vélo aux Pays-Bas? Un responsable de la planification m’a expliqué que pour réduire de cinq minutes le trajet en train d’un client, il doit investir des milliards en infrastructures et équipements ferroviaires. Par contre, en combinant le vélo au transport en commun, un client peut gagner de 5 à 10 minutes par trajet. Et ce, pour une fraction de l’investissement!

Le cocktail transport : un concept à intégrer systématiquement

Le concept de cocktail transport n’est pas nouveau. Il y a 25 ans, Michel Labrecque, alors PDG de Vélo Québec, démontrait l’importance de combiner transport en commun et actif, une approche efficace et économique. Depuis, des efforts ont été faits pour encourager les citoyens à choisir le bon moyen de transport, au bon moment. Des applications comme Transit ou Chrono ont vu le jour et permettent de mieux planifier nos déplacements.

Ces dernières années, nous notons une accélération des projets structurants de transports en commun, dont le tramway à Québec et le Réseau express métropolitain à Montréal (REM). Il nous apparaît essentiel, dans l’intégration de ces investissements majeurs, de tenir compte de l’accès à pied ou à vélo à ces moyens de transport et d’éviter à tout prix que l’auto solo soit le seul moyen de se rendre aux stations.

L’intégration du transport actif doit devenir un réflexe dans le développement des projets de transport en commun. Force est de constater que ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui et que le plein potentiel du cocktail transport est loin d’être atteint.

Comment favoriser le cocktail transport?

Il est d’abord nécessaire de faciliter l’accès des piétons et cyclistes aux gares. Le vélo demeure le meilleur allié du transport collectif : il permet de franchir rapidement les kilomètres entre les gares et les destinations souhaitées.

L’installation de stationnements pour vélos est un autre élément important. Bien localisés, aménagés, abrités et aisément repérables grâce à une bonne signalisation, ils envoient le message qu’il est efficace et agréable de se rendre à vélo à la gare. De plus, le coût d’aménagement de stationnements pour vélos est beaucoup moins élevé que celui d’une place de stationnement extérieur pour l’auto, qui va de 2000 $ à 12 000 $.

Des exemples inspirants

La construction d’un système de transport sur rail nécessite des aménagements importants et constitue une excellente occasion de créer des sentiers polyvalents destinés à la marche et au vélo. C’est une pratique courante ailleurs au Canada (ex. : à Vancouver et à Ottawa sur les lignes Millenium et O-train) et aux États-Unis. Ces pistes permettent de se rendre aux stations, sont complémentaires avec le transport en commun et attirent de nouveaux usagers de la mobilité durable.

C’est en pensant au vélo, en s’assurant de toujours mieux intégrer les déplacements actifs que nous pourrons concevoir les meilleurs projets de transports collectifs. La marche et le vélo pour accéder aux transports en commun présentent de nombreux bénéfices pour la santé, l’environnement et l’économie. Ils permettent d’intégrer l’activité physique aux déplacements quotidiens, sans aucune émission. Par ailleurs, les passagers qui arrivent à pied ou à vélo permettent de générer des économies importantes par rapport à ceux qui utilisent une auto en raison des frais liés à l’aménagement, la gestion et l’entretien des stationnements et débarcadères.

Dans ce contexte, avons-nous les moyens de nous passer du vélo dans l’élaboration de nos projets de transport en commun structurant?

 

Jean-François Rheault
président-directeur général

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